11

C’est l’aube, la plage est déserte. Brandon a choisi un endroit considéré comme historique parce qu’y subsiste l’un des bunkers édifiés à la hâte du temps où l’on craignait une invasion en provenance de Cuba. Le bloc de béton trône à la lisière du sable, mangé par les fougères géantes, survivant d’une époque de paranoïa glorieuse mais reposante, aux camps bien délimités.

La plage a mauvaise réputation, les touristes l’évitent. On dit que les drogués s’y donnent rendez-vous et que le sable est truffé de seringues « séropositives « qui vous transpercent la plante des pieds. La légende veut que les homosexuels de l’île s’y accouplent en des sabbats infernaux au cours desquels le rhum et le sperme coulent à flots. Brandon s’immobilise à la lisière des palmiers, le regard tourné vers l’océan. Il se sent dans une forme physique époustouflante. L’énergie crépite le long de ses nerfs en produisant des craquements d’étincelles. S’il faisait nuit, on verrait une lueur de volcan briller sous la corne translucide de ses ongles. Il a planté la caméra vidéo de manière à couvrir un large champ. Il la déclenchera à distance au dernier moment, à l’aide de la télécommande glissée dans sa ceinture.

« Je suis devenu un mutant », pense-t-il le plus sérieusement du monde. Il enfile la combinaison d’amiante, pose la cagoule vitrée sur sa tête. L’oxygénation ne sera pas formidable mais il faudra faire avec. Il s’est injecté une nouvelle dose avant de descendre de la voiture. Quand il a pris la décision de cacher la dope, à l’insu de Peggy, il en a prélevé une pleine seringue qu’il a « capuchonnée » ; juste assez pour faire face aux nécessités de l’entraînement de ce matin. Le reste est en lieu sûr ; là où personne n’ira jamais le chercher. Une super-cachette dont il est assez fier. On ne l’a jamais cru très futé, et pourtant en cette occasion il a largement assuré. Le vrai trait de génie.

Soudain il s’élance, silhouette pataude et grise. Dans la lumière floue de l’aube naissante, il a l’air d’un visiteur extra-terrestre vêtu d’un scaphandre en peau de dinosaure. Si des gosses le surprenaient ainsi, ils s’enfuiraient en hurlant de peur. Il plante ses pieds dans le sable à la manière d’un taureau qui charge… Cette association d’idées lui remet en mémoire qu’à un moment il s’est demandé si les matadors mexicains seraient intéressés par une drogue leur permettant de voir bouger le taureau au ralenti et de deviner avec quelques secondes d’avance ses déplacements les plus imprévisibles… Il s’est dit qu’il y avait peut-être là un marché potentiel juteux, mais il a préféré laisser tomber. Trop compliqué. Il n’est pas doué pour la parlote, pour faire l’article. Et puis les Latinos sont trop machos, surtout les toreros. Ils l’auraient sans doute rembarré en l’accusant d’attenter à leur honneur.

Il préfère se débrouiller tout seul.

Ça y est, il décolle… Il sent son corps s’alléger. La perte de poids est nettement sensible. Le scaphandre d’amiante ne pèse plus rien. Les cocotiers bordant la plage défilent comme s’il les contemplait depuis un train lancé à pleine vitesse. Une illusion étrange s’installe en lui : il est immobile, suspendu au-dessus du sol, figé, et la plage seule bouge en dessous, à la manière d’un trottoir roulant.

Une certitude lui fusille l’esprit : il est en train de se désincarner !

« À partir d’une certaine vitesse, pense-t-il, le corps ne pèse plus rien, les molécules qui le composent s’écartent les unes des autres, on devient poreux, on peut s’infiltrer dans les interstices de la matière. Passer au travers des murs… »

Il se rappelle avoir lu ce fatras pseudo-scientifique dans un quelconque bouquin de science-fiction, mais son sens critique se rendort très vite. Une envie lui vient, celle de se jeter contre la paroi de béton du bunker à demi ensablé qui se dresse au bout de la plage.

« Si je prends bien mon élan, se dit-il, je deviendrai si poreux que mes atomes s’infiltreront dans l’espace intramoléculaire des particules de ciment. »

Il ne perçoit plus les limites de son corps, il se voit désormais sous la forme d’un brouillard vivant, ou plutôt d’essaim aux contours flous. Un essaim d’atomes infiniment plus petits que les grains de sable charriés par le vent… un essaim qui peut s’infiltrer n’importe où.

La clef de tout, c’est la vitesse. La vitesse qui dissocie la structure figée du corps.

L’ivresse déferle dans son esprit. Il s’entend rire, mais son rire ne sort pas de sa bouche, il suinte de son corps en extension, telle une sueur.

« Poreux, répète-t-il, je suis poreux. »

Il est pareil à un avion s’élançant sur une piste d’envol. Au moment où ses roues s’arrachent du sol, l’appareil devient mou, perd soudain sa belle rectitude métallique. Pâte à modeler aux reflets d’acier, il se défait, son nez s’aplatit sous la poussée de l’air, ses ailes flasques sont rabattues contre son fuselage. Il se change en flaque, s’étire, se dissout, se pulvérise dans l’atmosphère.

L’image allume une angoisse stridente dans la tête de Brandon. Peur de la dissolution. Une voix qu’il ne peut identifier lui récite un théorème qui paraît sortir d’un livre de physique : La vitesse désagrège les structures ; à terme, le risque est grand de se trouver atomisé, éparpillé sans espoir de recomposition, à la façon d’un morceau de plomb qui, pénétrant dans l’atmosphère du soleil, se sublimerait en une vapeur impalpable.

Brandon essaie de ralentir, mais il est trop tard, la vitesse acquise est trop grande. Il fonctionne désormais comme ces paquebots si lents, si lourds, qu’ils mettent une heure à s’arrêter. Une force le porte, le pousse en avant. La paroi du bunker se rapproche, elle va le percuter. C’est elle qui bouge, qui vole à sa rencontre, non l’inverse.

Le choc est atroce. Malgré la malléabilité de l’essaim moléculaire qui constitue désormais le corps du jeune homme, l’impact se répercute dans toutes ses terminaisons nerveuses. Il hurle. Nuée d’abeilles dispersées par le passage d’un avion, ses atomes vont s’éparpiller aux quatre vents. Il tombe sur le dos. Une ombre s’étend sur lui, le débarrasse de la cagoule. Il gémit. Il ne faut pas ! Il est encore trop tôt ! Son corps mal recomposé va se défaire dans le vent qui souffle sur la plage. Il est plus fragile qu’une statue de cendre ; rien n’est stable dans sa chair, ni ses muscles ni ses os. Les mains de Peggy (car c’est elle qui se penche sur lui) vont l’émietter. Il hurle un avertissement : « Ne me touche pas ! » mais rien ne sort de sa bouche qu’une bouillie de mots émiettés eux aussi…

 

*

 

La jeune femme est inquiète. Pendant un moment, elle pense que Brandon est en train de mourir d’une overdose. Il a l’air si vulnérable. La peau blême, la chair aspirée à l’intérieur des joues… Il est tout en sueur, des cernes violets sous les yeux. Le scaphandre d’amiante ajoute à l’aspect insolite de son état. On dirait un cosmonaute éjecté d’une capsule spatiale échouée. Elle se demande ce qu’il fabrique, ainsi affublé. Elle l’a suivi quand il a quitté la maison, avec l’espoir qu’il la mènerait à l’endroit où il a caché le cylindre de métal, mais il n’a fait aucune halte suspecte. Pendant qu’il courait sur la plage, elle a fouillé la Buick, en vain. Dans la boîte à gants, elle n’a trouvé qu’une seringue vide mais d’où montait l’odeur si particulière de la drogue. Alors elle a traversé le bosquet de palmiers pour le supplier encore une fois de renoncer à son projet de cambriolage. Elle l’a vu s’élancer, vêtu du costume de protection anti-feu. D’abord elle a cru qu’il ne parviendrait pas à faire plus de dix enjambées, puis elle a réalisé qu’il se déplaçait avec une aisance surprenante. Vite. Très vite. Trop vite. Il a remonté la grève dans toute sa longueur, puis, de façon incompréhensible, s’est jeté la tête la première sur le vieux bunker où les drogués ont pris l’habitude de se piquer. On aurait dit qu’il ne contrôlait plus rien. « Qu’il n’avait plus de freins… », corrige Peggy.

— Tu es en train de te tuer, gronde-t-elle, prise entre la colère et les larmes.

Il lui est odieux. Elle ne sait plus si elle l’aime ou si elle a hâte de le voir sortir de sa vie. Elle le prend sous les aisselles, le tire sous les arbres. Il a le regard flou mais ses pupilles ne sont pas dilatées. Elle lui touche le front, sa température est élevée : 40, voire un peu plus.

— La cagoule, balbutie-t-il, n’oublie pas la cagoule.

Au bout d’un moment, elle lui donne à boire. Il hésite.

— Je ne sais pas, murmure-t-il, il est peut-être encore trop tôt, mon corps n’est pas entièrement recomposé. Le liquide va couler entre les molécules.

Il est en plein délire. Elle finit par comprendre qu’il se croit éparpillé, victime d’une dilatation corporelle qui fait de lui une sorte de guimauve humaine terriblement vulnérable. Il lui explique qu’il doit attendre de solidifier avant de se mettre à bouger, sinon ses os, ses organes, se décrocheront et se mélangeront à l’intérieur de son corps.

— C’est la drogue, grogne la jeune femme. Merde ! ce n’est qu’une illusion. Wong m’a dit qu’elle agissait à la manière d’un séjour en caisson de privation sensorielle. Dès que le cerveau perd ses sensations tactiles, il ne parvient plus à se situer dans l’espace et se retrouve submergé d’hallucinations. Tous ceux qui ont fait des séjours en caisson connaissent bien ce phénomène, ça n’a rien de mystérieux ni de magique.

Brandon ne l’écoute pas ; c’est à peine s’il perçoit sa présence.

Elle a beaucoup de mal à le persuader de se lever pour gagner la voiture. Il affirme qu’il est encore trop mou, qu’il va se défaire et tomber en vrac au fond du scaphandre d’amiante. « Comme de la pâte à crêpes… », répète-t-il avec une voix de petit garçon.

Elle doit le soutenir. Bizarrement, elle ne peut s’empêcher de vérifier la texture de son corps. Elle s’en veut de céder au climat de fantasmagorie dans lequel ils se déplacent tous deux depuis trois jours.

— T’es dingue, marmonne Brandon, me remue pas comme ça, j’sens mes organes qui se mélangent.

Elle l’étend sur la banquette arrière. Ne manquerait plus qu’un flic passe ! Mais Wong ne lui a-t-il pas affirmé qu’aucune analyse ne permettait de déceler la présence du produit ?

Elle se glisse au volant de la Dodge, abandonnant la Buick sur place. Une fois sur la route, elle réalise qu’elle a oublié sur la plage la caméra vidéo que Brandon avait emportée pour filmer sa performance. Tant pis, elle ne veut pas prendre le risque de faire demi-tour. Quelqu’un la volera et effacera la bande.

 

*

 

Plus tard, une fois de retour à la maison, elle déshabille doucement le garçon et l’étend sur le lit, nu, les bras en croix. Elle lui passe sur le torse une éponge imbibée d’eau tiède. Sa peau d’ordinaire dorée a une vilaine teinte cireuse. Il a la chair de poule et il grimace comme si la caresse de l’éponge était douloureuse.

— Regarde si je suis mou, chuchote-t-il. Vois si tes doigts peuvent traverser ma peau… Appuie, appuie doucement, il faut que je sache.

Elle a peur. L’hostilité se mêle à l’angoisse et elle est sur le point de le gifler. Il insiste. Elle doit se résoudre à tendre l’index et appuyer sur le ventre de Brandon. Elle prend conscience qu’elle ne serait pas surprise de voir son doigt traverser la peau du garçon pour s’enfoncer dans l’intimité de ses viscères. Tout lui semble possible. Sans doute parce qu’elle subit elle-même les séquelles de la première injection. Elle est soulagée de constater que les muscles résistent à la pression.

— Non, murmure-t-elle. Ça n’entre pas.

— Tant mieux, soupire le garçon. Pendant un moment, j’ai cru que je resterais poreux.

— Pourquoi t’es-tu jeté contre le bunker, sur la plage ?

— Je voulais le traverser… À partir d’une certaine vitesse, la structure se dilate, on n’est plus compact, on peut se glisser dans les interstices d’un obstacle immobile. On devient comme du sable qui s’écoulerait dans un tamis. Ou de la farine traversant une passoire. Le monde, c’est la passoire… et moi je suis la farine, je m’infiltre partout.

Il rit bêtement.

Peggy hoche la tête. Elle ne veut pas le contrarier. Lui répéter qu’il s’agissait d’une hallucination ne servirait à rien. L’illusion a installé sa certitude en lui. Elle se rappelle les sensations qu’elle a elle-même éprouvées sous la mer après la piqûre. Cette réalité foudroyante du rêve.

Aujourd’hui, avec Brandon, elle a pu constater de visu les effets du produit. Il courait plus vite que d’ordinaire… au-delà de ses capacités, elle l’a bien senti. Mais il n’était pas invisible… loin de là. La dope est efficace, c’est certain, elle améliore considérablement les performances, mais ce n’est pas un produit magique. Elle ne permettra pas à Brandon de courir plus vite qu’une balle sortant du canon d’un revolver.

Le garçon s’est endormi. Peggy en profite pour fouiller ses vêtements à la recherche d’une clef de consigne, d’un indice qui lui indiquerait l’endroit où est dissimulé le container. Wong doit lui téléphoner ce soir. Il n’est nullement hostile, mais son inquiétude – manifeste – est assez éloquente pour le dispenser de proférer des menaces. Peggy devine qu’il a peur. Elle voit grouiller derrière lui des ombres maléfiques : les Yakuza… les Triades… les Tongs, nés d’une secte religieuse 2000 ans avant Jésus-Christ : Hi-O-Chuan, les Compagnons des Poings harmonieux. Un empire du crime auprès duquel la Mafia fait figure d’aimable gang de quartier. Les Japonais ont une expression pour désigner cet univers : Obake no sekai… le monde des fantômes.

Elle laisse tomber les vêtements trempés de sueur. L’image de Brandon, jogger extatique se jetant contre un mur de béton, continue à la hanter.

Elle s’assied au bord du lit, lui secoue l’épaule pour le réveiller. Il entrouvre les paupières. Elle le somme de lui révéler où il a caché le cylindre. Elle espère que la drogue, en affaiblissant ses défenses, le fera parler.

Il grommelle des mots indistincts et se rendort. Elle a les mains moites et sa lèvre inférieure tremble.

N’y tenant plus, elle prend dans sa poche une petite carte sur laquelle Wong a noté un numéro de téléphone cellulaire. Elle passe dans la salle de séjour pour l’appeler. Il décroche aussitôt.

— Je n’ai rien pu obtenir de lui, dit-elle. Il est… en état second. Il plane.

Wong ne dit rien. Elle se sent forcée d’insister.

— Vous ne pourriez pas lui injecter quelque chose pour le faire parler ? suggère-t-elle. Je ne sais pas, moi, du penthotal, de la scopolamine ? On parle toujours de ces trucs-là dans les romans.

— Ça ne servirait à rien, dit Wong avec lassitude. Le produit qui court dans ses veines est cent fois supérieur à ceux que vous venez de mentionner. Il est hors d’atteinte. Surtout s’il en a repris… Car il en a repris, n’est-ce pas ?

— Oui.

— C’est très grave. Il est peut-être déjà irrémédiablement intoxiqué. Faites attention, il est possible qu’il se mette à développer un comportement schizophrénique dangereux dans les jours qui viennent. Je vous avais mise en garde : à l’état concentré, le produit est un poison pour l’esprit.

— Que dois-je faire ?

— Le temps presse. Ne le contrariez pas et suivez-le. Il vous mènera sans doute à la cachette, c’est inévitable, il aura forcément envie d’en reprendre. C’est ainsi que ça marche. N’hésitez pas à m’appeler.

 

Il a raccroché, la laissant désemparée. Elle consulte sa montre. Elle doit partir, un groupe de touristes l’attend sur l’embarcadère pour une plongée. Elle ne peut se permettre de leur faire faux bond, sa crédibilité auprès des agences de Miami est engagée. Elle a juste le temps de sauter dans le bateau et de contourner la plage pour aller prendre livraison des gentils gogos bardés de caméras sous-marines qui lui permettent de payer ses factures.

 

*

 

Quand Brandon sort de l’anéantissement, Peggy est partie. Il est seul dans le bungalow. Son premier réflexe est de toucher son corps nu, de l’explorer avec précaution. Il se trouve mou… Pas comme d’habitude. Ses abdominaux lui font l’effet d’avoir été modelés dans de la pâte à pizza crue.

Il passe dans la salle de bains pour s’examiner en pied dans le miroir collé au revers de la porte. Il fronce les sourcils, il se trouve quelque chose d’affaissé, comme si ses muscles pendaient sur la charpente osseuse. Sur la plage, il a souvent vu des vieux « bien conservés » qui présentaient cet avachissement du corps. Une lassitude des tendons, une mollesse suspecte prélude à la grande débâcle du troisième âge.

« Je me suis mal recomposé », songe-t-il en frissonnant. Il réalise qu’il a pris 15 ans en 5 minutes de course. Ce sprint sur la plage lui a bouffé sa jeunesse, il en paie le prix en ce moment. S’approchant du miroir, il fourrage dans sa chevelure d’un noir de suie. Il ne lui faut pas 15 secondes pour isoler un cheveu blanc. Burly avait raison. Les prodiges se paient rubis sur l’ongle, sans délai, sans crédit.

Il a la bouche sèche. Il éprouve le besoin de s’asseoir sur la lunette des W-C pour ne pas fatiguer les os de ses jambes qui risqueraient de se tordre sous le poids de son corps. Il se demande s’il ira mieux le lendemain, s’il aura retrouvé sa solidité. S’il plongeait dans l’océan à cette minute, il sait qu’il se diluerait dans les vagues, comme un sucre tombant au fond d’une tasse de café bouillant. À chaque brasse, il perdrait un peu plus de chair, jusqu’à n’être plus rien qu’une épure, une silhouette, un ectoplasme.

« Je fondrai », murmure-t-il en essayant de maîtriser le tremblement de ses mains.

Mais il ne faut pas non plus qu’il tremble, ses os pourraient bien se déboîter.

Baignade accompagnée
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